76 réponses, recueillies entre le 7 et le 25 juin 2018, à comparer avec les 80 paniers maraîchers que livre l’AMAP. On a donc ici un bon miroir des adhérents de la saison 2017/2018. Beaucoup de choses qu’on pouvait facilement prévoir, mais aussi quelques surprises, notamment dans les réponses libres…des envolées lyriques, des coups de gueules, des prises de position. Merci à tous pour votre participation et bonne lecture à vous.
I Les Amapiens
Santé, social, éducation et culture
Un médecin et un violoniste, ou bien un cadre d’une maison de retraite et une technicienne à la radio, ou bien encore un thésard et une ostéopathe, voilà l’image-type de l’amapien : un couple de trentenaires sans enfant, dont l’un travaille dans le social ou la santé, et l’autre dans les arts, le divertissement, la recherche ou l’éducation.
Si les couples représentent les 3/4 du groupe, les personnes vivant seules sont tout de même plus de 20 %, nettement au-dessus de la moyenne nationale plutôt autour de 15%. Les trentenaires représentent presque la moitié du groupe et les quadras un petit quart. Un tiers des personnes répondent vivre avec un ou plusieurs enfants et l’AMAP comporte aussi deux familles nombreuses !
Aspirants végans, fléxitariens et compagnie
La part des végétariens en France reste confidentielle, entre 2 et 5% selon les sources et elle reste très minoritaire dans l’amap, à un niveau comparable, autour de 5%. Mais la part de ceux qui déclarent manger de la viande tous les jours est elle aussi très minoritaire : quatre personnes seulement. Les amapiens seraient-ils sur la tendance nationale de réduction des apports en protéines animales, particulièrement forte à Paris ? Conséquence naturelle, le plébiscite des oeufs et des produits laitiers. Mais la seconde place de votre assiette est âprement disputée : entre le pain et les fruits, votre coeur balance car 80 % d’entre vous déclarent manger l’un et l’autre pratiquement tous les jours. La première place dans l’assiette de l’amapien ne fait en revanche aucun doute … les légumes bien sûr !
Les fondateurs de l’association représentent encore près de 10% du groupe, et avec les « anciens », ils représentent presque la moitié de l’AMAP. Des chiffres qui viennent confirmer les bons taux de reconduction des adhésions constatés.
AMAPOURQUOI ?
Pour vous être en AMAP, c’est avant tout être en « contact avec les paysans ». Vous aimez par dessus tout le fait que nos partenaires viennent à Paris nous livrer et nous rencontrer. La relation que les amapiens nouent avec eux est parfois très forte, il y a de véritables fan-clubs ! «
« Le plaisir de manger de bons produits locaux, et de contribuer à un projet d’agriculture qui correspond à mes valeurs« … voilà la base sur laquelle tout le monde s’accorde. Mieux : vous plébiscitez la culture locale, en court-circuit et dans le respect de l’environnement.
Et puis on s’est rencontré sur Internet…
Vous avez connu l’AMAP sur internet pour presque la moitié d’entre vous. Vous êtes modernes. Beaucoup d’autres l’ont connu par des amis…c’est bien aussi 😉 !
II Les Producteurs
Très contents, mais pas seulement…
La note générale des producteurs est de 3,7/4 : globalement, c’est très satisfaisant. Dans les partenaires, il y a des stars, au premier rang desquels Marie et Mathieu, avec84% de « je suis enchanté.e ». Juste derrière, Sandrine l’herboriste (78%) pour qui certains amapiens vouent pratiquement un culte, et Maxime le nouveau boulanger (70%), qui soulèvent l’enthousiasme. Les partenariats Aviculture et Pomme réunissent chacun plus de 60% de « je suis enchantée », ce qui reste très honorable. La fréquence des distributions et la taille de la livraison sont souvent évoquées : l’amapien préfèrent de petites quantités, mais plus souvent… La petite taille de nos logements parisiens participe peut-être à cette particularité.
Marie et Mathieu :
C’est un sacre ! Après beaucoup d’hésitation entre Marie, Mathieu et leur légumes, vous choisissez finalement notre jeune (hum hum) couple de maraîchers…ils sont « top of the top » « sympas », « intelligents », « disponibles »…les amapiens n’en peuvent plus ! Quand les louanges sur les paysans s’éteignent, c’est pour parler des légumes « de qualité », » savoureux » et même la « newsletter » est appréciée…bref…« on se régale ! » Et ça, en n’ayant accueilli qu’un quart seulement des amapiens sur la ferme…!
Oui, parce que la visite chez Marie et Mathieu…promis c’est pour l’an prochain ! Pour ce qui est des excuses, vous êtes plutôt dans le classique « j’ai pas le temps », qui revient des dizaines de fois dans les réponses…et puis et puis… vous n’avez « pas de voiture », vous n’êtes dans l’amap « que depuis 1 an ou 2 »…vous venez « d’avoir un bébé »… vous vous êtes « fracturé le ménisque »… en plus…vous n’avez « pas de botte » !
Mais ceux qui sont déjà allé chez nos maraîchers témoignent qu’ils sont « ravis »et que c’est chaque fois « un plaisir »…
Reste ce problème de transport : faut-il louer un bus ?
Alexandre :
Une trentaine de personnes ont un contrat « poulet et oeufs » dont ils sont 60% à être « enchanté.e » et une vingtaine de personnes n’ont pas du tout de contrat avicole, essentiellement parce qu’ « un poulet par mois, c’est trop » mais aussi parce que vous voulez « limiter votre consommation de viande », une réponse très présente.
Parmi ceux qui consomment régulièrement les produits du « très sympathique » et « gentil » Alexandre, les oeufs sont plébiscités et les rillettes très appréciées, même si parfois, « un poulet pour deux personnes, c’est trop ».
Vincent :
Une trentaine de personnes ont un contrat avec notre pépiniériste producteur de pommes, dont le jus de pommes est particulièrement apprécié.
Mais il faut dire que ça râle un peu, essentiellement parce que les amapiens ne voient pas assez souvent leur partenaire : la question de la périodicité des livraisons revient très fortement dans les réponses…rien d’étonnant : avec cette année 75% de la récolte perdue, Vincent n’a pu venir que trois fois au lieu de six prévues…espérons que tout rentre dans l’ordre cette année !
Sandrine :
La prêtresse… Notre paysanne herboriste règne sur les coeurs des 20 amapiens qui ont un contrat avec elle au point que certains se sont convertis à l’aromathérapie ! Si la distance, et le peu de livraisons qui vont avec, sont regrettées, la grande qualité des herbes et tisanes sont régulièrement mis en avant.
Maxime :
Le petit nouveau est adopté, même si la fidélité que vous avez envers votre boulanger reste forte…
Une vingtaine d’amapiens avaient choisit de prendre un contrat avec notre boulanger. Les éloges sur la qualité des produits sont ici aussi nombreuses et Maxime convainc d’abord sur son pain…que vous êtes nombreux à trouver quand même un peu cher.
Le relais avec le précédent boulanger se fait aussi au contact hebdomadaire de Maxime (ou du papa ;)), qui a commencé à expliquer sa démarche à certains… devenus fans !…un « partenariat prometteur »…
Et d’une manière générale, la relation que vous avez avec les partenaire est, en un mot…
Les champignons arrivent second juste devant les produits laitiers.On parle aussi de miel, d’approfondissement et d’éducation populaire…
III L’AMAP : inscriptions, distributions, communication… et le collectif
La première question portait sur les emails (c’est un signe) : l’email hebdo de Marie et Mathieu est incontournable (66/76 le lisent toujours ou souvent). Le mail rappelant les noms des distributeurs et les produits livrés est moins lu (56 / 76). Le blog quant à lui est assez peu lu (13 toujours et souvent, 25 parfois, 18 rarement, 17 jamais), certains ne connaissaient pas son existence, ou n’en voient pas l’utilité. Certains aimeraient y voir des recettes pour les légumes rares mais admettent que c’est du temps, du boulot…
Pour les trois questions concernant l’organisation interne de l’AMAP (communication, inscriptions et distributions), les notes de satisfaction sont sensiblement les mêmes : entre 4 et 6% seulement des répondants notent « sous la moyenne », tandis que 94 à 96% des amapiens au-dessus de la moyenne, dont 44 à 50% pour la note maximale. La plupart des commentaires sont positifs et encourageants, mais ces très bonnes notes cachent en partie quelques points d’insatisfaction, voire de résignation face à un état de fait pas complètement satisfaisant.
Question Comm’ : et si on se parlait en vrai ?
Ce qui ressort des commentaires : il y a trop de mails et pas assez d’échanges en direct, de vive voix. Deux commentaires résument bien ce sentiment :
· « La communication est précise et fiable, c’est super. Mais le nombre de mails (en général, pas seulement ceux de l’amap) fait que certaines infos passent à la trappe. Le blog ne me semble pas indispensable… les rencontres en présence ou les visites à la ferme pour des chantiers sont au contraire précieuses. »
· communication « Très satisfaisante pour tout le dispositif numérique. Très froide (ou plutôt « entre soi ») sur le lieu physique de distribution, où les « bonjour » sonores en arrivant restent généralement sans réponse et où le groupe est très hermétique. »
Inscriptions et réinscriptions : de « bordélique » à « hyper bien foutu » en passant par « dur de faire mieux » et « froid et distant«
La satisfaction exprimée par les notes cache une forme de résignation, ou de tolérance : en bref, ça n’est pas parfait, mais les amapiens sont conscients de la difficulté de l’exercice.
Commentaires :
– certains sont « bluffés par les systèmes« mis en place
– pour certains toujours un peu compliqué mais « difficile de faire mieux », car « manque de place », « manque de personne » « Trop de monde pour pas assez de gérant. Un accueil qui du coup est plutôt froid et distant, en tant que nouveau on est tout sauf à l’aise. »
Le moment distrib’ : peut-on mieux faire, là est la question
Mais même si les notes plutôt bonnes, est soulevé à plusieurs reprise un problème de comportement général, de convivialité dans la file d’attente, et parfois d’engagement et de ponctualité des distributeurs …
Des commentaires positifs nombreux, mais des remarques à prendre en compte :
– beaucoup admettent que c’est difficile d’améliorer vu les contraintes « dur de faire mieux avec la configuration du lieu, et c’est important de soutenir la cyclo », « file d’attente chaotique pour cause de manque de place. »
– côté comportement des amapiens :
« Longue file d’attente tristounette », « Au lieu de passer du temps à discuter avec Marie et Mathieu. »
« Je ne comprends pas les gens qui voient les bénévoles du jour charbonner, et qui n’aident pas pour ne pas perdre leurs place dans la queue…… »
– côté comportement des distributeurs du jour : « 1 fois sur deux : distributeurs en retard pour décharger » (plusieurs personnes font cette remarque, et ça fait écho avec le vécu de Marie et Mathieu)
« Parfois désorganisée selon les bénévoles présents, certains ne jouent pas le jeu en laissant les amapiens se débrouiller seuls ce qui peut générer de très longues files d’attente. »
– enjeu des balances, il faut absolument les 3, génère trop d’attente quand beaucoup de pesées
– des demandes un peu déconnectées des contraintes : «Peut être il pourrait y avoir 2 jours différents de distribution ? »
A propos du collectif
38 personnes sur les 76 ont pris le temps d’écrire une bafouille sur le collectif. On nous a demandé en mariage 1 fois, félicité et remercié 27 fois…. 7 personnes s’excusent de ne pouvoir s’investir plus (faute de temps, d’énergie, de disponibilité)
Une personne suggère la mise en place d’un compost devant la cyclo pour cycler les déchets et faire de l’engrais pour nos producteurs
Un membre suggère que nous trouvions autre chose à manger que des chips (!)
Deux personnes soulignent les belles intentions parallèlement à un manque d’action, parfois sur un ton agacé et un peu véhément qui suggère la frustration, nous en prenons note :
« Quelles ont été les actions faites par le collectif cette année ??!! Après des années de discussion, des chantiers ont ils démarré ? Je ressens une véritable déception de voir un collectif discuter et débattre mais incapable de passer à l’action. Le principe ultra démocratique semble être devenu un frein. Aucun mail ne peut partir sans être relu par 50 personnes. Il n’y a plus personne dans les réunions physiques, mais alors que d’echange De mails ! Stop ! Il y a la aussi un principe de frugalité écologique à mettre en œuvre. Les décisions à prendre ne sont pas si sensibles, arrêtez de discuter, il faut juste de l’operationnel. »
« Un CA avec un fonctionnement collégial (ce qui est bien!) mais qui produit peu »
On retrouve l’idée qu’il manque d’échanges directs, chaleureux, que le sentiment collectif devrait dépasser le collectif : une personne par exemple, après nous avoir remercié, souligne que :
« le groupe est parfois « imperméable aux bonjours et sourires », trop occupé sans doute à discuter des sujets à l’ordre du jour. Mais c’est dommage… »
Une autre écrit :
« Le collectif fait un super boulot, absolument rien à redire sur le super résultat que vous mettez en place. Le dispositif numérique de communication et de relai des dynamiques amapiennes est super. Par contre le collectif est complètement fermé sur lui-même. Dans la « vraie vie physique », il y a deux mondes imperméables à l’amap. A force de bonjours restés sans réponses, de tentatives de communication unilatérales, la volonté de « faire groupe » s’estompe. »
Deux personnes cependant ont un avis qui semble contraire :
« j’aime bien voir l’énergie qui se dégage des réunions même si je n’y participe pas »
« Équipe très sympa et ouverte qui donne envie de s’investir »
IV Le concours et les recettes !
Avec un score bien au-dessus des autres, c’est indiscutablement le chou pointu, qui gagne cette élection ! 8 votes sur 40 ! Bravo au chou pointu !
Mention spéciale pour les suivants, très plébiscités aussi, dans l’ordre : classées 2e, les blettes, 3e ex-aequo le radis noir et les tomates, et 4e es-aequo panais, chou rave, topinambours et courge spaghetti.
A noter, parce qu’on en parle pas assez… : certains légumes provoquent une dépendance apparemment grave, notamment trois amapiens littéralement addict au panais, au chou-rave et à la pomme de terre (le radis noir semble aussi très addictif).
Pour les recettes, les légumes vous inspirent, car entre la courge spaghetti carbonara et les « rostis de chou-fleur » on se sait plus ou donner de la tête ! Mentions spéciales pour la Tarte Tatin de radis noir et le panais cru rapé au gingembre, cornichon, citron et crème d’amande, mais on retiendra avant tout la mystérieuse Tempête de boulettesdont on espère bientôt avoir quelques détails…!
Cet article a été rédigé par Marie Mazzela et Jean Maricot, sous le regard et avec l’aide précieuse d’Eléonore Martin.