J’imagine qu’il vous est arrivé comme moi de trouver une chenille dans la salade de votre panier. Aussi étrange que cela puisse paraître, il faut s’en réjouir… Le CNRS et le Muséum d’Histoire naturelle viennent de conclure leurs comptages des oiseaux. En seulement 15 ans, une baisse d’un tiers. Première cause : les insecticides.
L’Europe a perdu 80% de ses insectes volants en 30 ans, pour une bonne part à cause des néonicotinoïdes et du fameux Round Up à base de glyphosate, commercialisé par Monsanto. Or ces insectes sont la base de l’alimentation des oiseaux des champs. En faisant disparaître les insectes, ce sont tous nos écosystèmes qui sont bouleversés : après les insectes, les oiseaux…quelle sera l’étape suivante ?
Le CNRS n’est pas une officine d’écologistes enragés, pourtant, les termes employés ont de quoi effrayer puisqu’il parle de « catastrophe écologique ». Le Museum d’Histoire Naturelle précise : » Nos campagnes sont en train de devenir de véritables déserts. » « Les populations d’oiseaux s’effondrent littéralement dans les plaines céréalières, et cela concerne toutes les espèces ».
Certaines espèces sont particulièrement touchées, comme l’alouette. La perdrix a pratiquement disparu dans certaines zones. La mésange noire, le pigeon ramier ne sont plus visibles que dans les villes car leur populations sont « en chute libre » dans les campagnes. Le pipit farlouse a chuté de plus de 60%.
L’agriculture intensive est la première cause de cette catastrophe : la monoculture, encouragée par la Politique Agricole Commune européenne, détruit les milieux propices aux insectes et aux oiseaux. Mais ce sont les insecticides qui achève les populations. Le plan français Ecophyto, qui vise à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici 2020 n’y fait rien. Les néonicotinoïdes et le glyphosate font des ravages.
Pourtant, à chaque fois que les agriculteurs sont convaincus de moins utiliser d’insecticides, ils réussissent à garder leur productivité. La biodiversité est un atout pour l’avenir et il est entre les mains du monde agricole. Les modèles agricoles alternatifs, basés sur l’agroécologie, ont montré leur efficacité. Ils ont aussi augmenté les revenus des paysans qui s’y sont convertis.
« Le printemps silencieux annoncé par Rachel Carson pourrait devenir une réalité si nous ne réagissons pas très vite, conclut Vincent Bretagnolle. La situation est inquiétante, d’autant qu’aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement d’interdire un pesticide, mais de changer de paradigme. »
Alors, pour la chenille dans ma salade, la question est :
Des insectes, ou bien des insecticides ?
Source : Le journal du CNRS