Dérèglement climatique : les conséquences sur nos pommes


Environnement, Nos producteurs, Réchauffement climatique / dimanche, juin 30th, 2019

Gwendal Rannou, le « référent pommes », m’a parlé d’une perte de la récolte presque égale à celle d’il y a deux ans…qu’est-ce qu’il s’est passé ?!

Il y a deux ans, 80% de la récolte avait été perdu, dû essentiellement au printemps froid. L’an dernier c’est bien passé, mais cette année, c’est encore entre 60 et 70% que nous avons perdu ! Les pertes s’expliquent par plusieurs facteurs, globalement rattachés au dérèglement climatique.

Marie et Mathieu, nos maraîchers, ont eu des problèmes avec un printemps particulièrement froid, toi aussi ? 

Oui, mais pas seulement. L’été dernier a été très sec. Les sols ici sont calcaires et ne retiennent pas bien l’eau. Pour bien faire, il faudrait un système d’arrosage style goute-à-goute, mais c’est un investissement très cher. J’ai beau avoir bien arrosé, les pommiers se sont retrouvés en stress hydrique. La conséquence, c’est un nombre moins élevé de fleurs au printemps suivant.

Et comment s’est passé l’hiver ? 

L’hiver a été doux, c’est courant maintenant, et la conséquence, c’est que la floraison est avancée de plusieurs semaines. Ça ne serait pas grave si le printemps se déroulait tranquillement.

On a eu un épisode de très beau temps au moment de Pâques. 

Oui, mais juste avant, on a eu deux nuits de gel, à -2,5°. A cette température, les fleurs sont comme brulées.

Les fleurs des pommiers de Vincent, après le gel

Un autre gel après Pâques, et 20 minutes de grêle, le 8 mai. Ça a détruit les étamines et les pistils, donc là aussi, impossible d’avoir des fruits. Tout ça bout à bout…

Mais est-ce que les aléas climatiques ne font pas parti du risque, en agriculture ?

Oui, mais il y a quarante ans, on estimait les années de récoltes perdues à 1 année sur 15. Là, on est à 2 années sur 3…Ça devient vraiment compliqué. Autour de moi, des exploitations qui sont un tout petit peu plus grande que la mienne, où je suis seul, ont dû fermer. Je suis un peu inquiet pour la suite.

Gwendal m’a parlé d’un nouveau contrat solidaire pour l’an prochain. Tu as aussi voulu diversifier ton activité ? 

Oui, il y a deux ans, j’ai commencé à cultiver d’autres plantes. D’abord des herbes aromatiques, pour fournir des restaurants, puis du Sedum pour végétaliser les toits urbains et lutter contre le réchauffement climatique. Enfin, des courges en agriculture biologique.

Le sedum est utilisé comme isolant thermique. Il absorbe aussi du CO2, retient l’eau et filtre la pollution urbaine.

Vous pourrez retrouver Vincent à la rentrée. N’hésitez aussi pas à faire un tour sur son beau site web : Passion pomme…ou directement dans la Somme, à Frettemeule.

Propos recueillis par téléphone le 29 juin 2019

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